Trois questions (et +) posées par Imaginat à Nathalie une des modèles de la campagne Stop Body Shaming de la Fédération française de Naturisme.
Photo : © Tamara Hauvuy – Stop Body Shaming – Fédération française de Naturisme
Pour lutter contre les diktats de la société, les codes esthétiques et le formatage commercial du corps humain, pour sensibiliser contre les discriminations liées à l’apparence physique, à l’âge, aux origines raciales, aux orientations sexuelles, à l’expression corporelle, à l’identité de genre, au handicap et à la vulnérabilité économique, pour l’acceptation de son corps et de celui de l’autre, pour libérer le corps humain, la Fédération française de Naturisme lance, le 27 mai 2022, une campagne photographique contre le Body Shaming, la honte du corps, et pour le Body Positive, l’acceptation du corps.
Pour illustrer cette campagne nationale, la Fédération française de Naturisme a fait appel à l’artiste Tamara Hauvuy.
Les créations photographiques de Tamara Hauvuy seront exposées, lors d’une conférence de presse, le 27 mai, à la Galerie Joseph, 66 rue Charlot, 75003 Paris, puis partiront en tournée dans toute la France.
Parmi les modèles qui se sont dénudés pour la campagne Stop Body Shaming de la Fédération française de Naturisme, Nathalie répond aux questions d’Imaginat.
Imaginat :
Nathalie, tu poses avec ta fille Laurine.
Pourquoi as-tu participé à cette campagne ?
Quel besoin as-tu eu de te mettre nue ?
Pourquoi le Naturisme ?
Nathalie :
Lorsque que la Fédération française de naturisme a lancé un appel sur les réseaux sociaux en expliquant son projet, ça a été une évidence.
Le mot "diversité" tient une place importante dans les médias et devient même fortement politisé.
Et pourtant, quand il s'agit des corps, la tendance serait plutôt à les "normaliser" et les "stéréotyper".
C'est assez paradoxal.
D'ailleurs, cette "norme" du corps parfait est peu cohérente : il suffit de regarder un peu autour de soi pour constater qu'il y a bien plus de corps imparfaits que de corps parfaits tels qu'on les trouve dans les magazines... quand ces derniers n'ont pas été photoshoppés!
En participant à cette campagne, j'ai souhaité poser mon petit caillou à l'édifice pour que chaque individu soit accepté tel qu'il est, y compris physiquement.
En ce qui concerne mon besoin d'être nue et pourquoi le naturisme, j'associe la nudité avec les éléments naturels.
Etre nue au contact du vent, de l'eau, de la nature en général, me permet de me ressourcer tant physiquement qu'émotionnellement.
C'est une excellente façon de se détacher de ce qui peut nous peser au quotidien, notamment le stress.
Photo : © Tamara Hauvuy – Stop Body Shaming – Fédération française de Naturisme
Imaginat :
Mais alors chez les Naturistes, il n’y aurait pas que des « Miss France » et des « Mister Muscles » ???
Nathalie :
Bien sûr que si ! Nous sommes tous Miss ou Mister !
La beauté est une notion très subjective.
Pour être "beau", faudrait-il répondre à certains critères ?
Et des critères fixés par qui ?
Pour certains, la beauté va être purement basée sur des critères physiques spécifiques.
Pour d'autres, ce sont davantage le charme et l'élégance dans un sourire, un regard, une posture... qui va définir la beauté.
Au final, on est tous beau ou belle pour quelqu'un.
Mais l'essentiel être d'être beau pour soi-même.
Imaginat :
Quand on est nu, le plus difficile à affronter ?
Son regard sur son corps ?
Le regard de l’autre ?
Les suppositions prêtées à la nudité ?
Nathalie :
En ce qui me concerne, mon regard est bienveillant sur mon corps.
Notre corps, c'est notre compagnon de vie.
Il raconte notre histoire par ses cicatrices, ses rondeurs, ses rides, ses imperfections. Il est également notre contact avec notre environnement.
Il est plutôt sympa ce compagnon, non?
Je pense que lorsqu'on accepte son corps, le regard de l'autre a finalement peu d'importance.
S'il voit le mal dans la nudité, c'est sans doute qu'il accepte mal sa propre nudité, son propre corps, et c'est dommage.
Si quelqu'un n'est pas bienveillant avec son propre corps, comment voulez-vous qu'il le soit avec celui des autres?
Trop souvent, la nudité est associée à la sexualité.
Deux choses me dérangent dans cette association, notamment lorsque je lis certains commentaires sur les réseaux sociaux.
D'une part, dans la simple nudité, il n'y a pas d'acte sexuel, à moins de considérer que même prendre une douche serait sexuel ?
D'autre part, ces commentaires sous-entendent la sexualité comme quelque chose de malsain... ne sommes-nous pas tous issus de la sexualité de nos parents ?
Question en + d’Imaginat :
Récemment, à Bordeaux, une jeune maman a été agressée parce qu’elle donnait le sein à son bébé dans une file d’attente.
Une femme en train d’allaiter son enfant n’aurait-elle pas eu sa place parmi les modèles photographiés de cette campagne ?
Nathalie :
Oh si, bien sûr !
D'ailleurs, j'aurais pu être celle-ci il y a une dizaine d'années !
L'agression de cette maman et de son enfant est juste intolérable.
Chaque femme a le droit d'allaiter son enfant ou pas, ce choix lui appartient. Personne n'est choqué de voir une mère donner le biberon à son enfant en public. Pourquoi devrait-on l'être lorsqu'une autre donne le sein ?
On en revient à la sexualisation du corps, alors qu'un sein en dehors d'un acte sexuel n'est plus une zone érogène ou suscitant le désir, mais un organe qui remplit sa fonction première : nourrir !
Ce qui est le plus incompréhensible, c'est que ce soit une femme qui ait commis cette agression.
Cette femme, ne voit-elle ses propres seins que comme un objet de désir sexuel pour réagir ainsi?
Je ne peux que lui souhaiter de se réapproprier son propre corps.
Merci Nathalie.
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A mon avis, un très bon interview avec des réponses intelligentes et sensibles.